• Imprimer

María Alcaide

Vit et travaille à Paris et Barcelone. Née en Espagne en 1992

mariaalcaide.com

Alcaide Maria, The happiest people in the world, 2018, performance video installation, 16 x 180 x 150cm, Dimensions variables, 6’15, ©Muu Kaapeli gallery, Helsinki

Alcaide Maria, Bureau désespoir, 2017, Installation, Dimensions variables, ©Iniciarte

Alcaide Maria, My terrorist lover, 2017, installation video, 25 x 180 x 150cm, 25’15

Alcaide Maria, Blogger affaire, 2018, installation textile, 200 x 200 x 15cm, Dimensions variables

L’artiste multimédia espagnole María Alcaide s’intéresse à la précarité actuelle des jeunes et aux débats sociaux qui découlent de l'actuelle dérive de l’Europe vers des mouvements xénophobes et nationalistes.

Son travail suit une progression qui se déroule projet après projet, et arrive aujourd’hui à des questions plus globales si l’on considère l’évolution entre Los Amantes (2014), où elle a photographié tous les hommes qu’elle a rencontrés pendant un mois sur des sites de rencontre, et Blogger affair (2018), où elle se met en scène en tant que blogueuse influenceuse sur les réseaux sociaux afin d'ironiser l’univers de la mode et des nouveaux moyens de communication sur Internet. Engagée, comme elle l’a fait personnellement et physiquement dans ses oeuvres précédentes, l'artiste réalise, dans le cadre de son action pour l’association espagnole Artifariti, Poetics of failure (2016) au coeur des camps de réfugiés de Tindouf dans le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique qui a été confrontée à des conflits avec l’Etat espagnol dans les années 1980, en guerre avec le Maroc jusqu’en 1991. Interrogeant de jeunes étudiants sans emploi, vivant dans ce camp, sur leurs conditions de vie, l’artiste a mis en abîme la question du travail par rapport à leur inactivité forcée.

La vidéo My terrorist lover (2017) a été créé, quant à elle, après cette expérience au cours de laquelle elle a eu une relation amoureuse avec un artiste algérien réfugié. Rentrée à Barcelone, elle s’est confrontée au racisme de ses proches, auxquels elle a voulu répondre, avec sarcasme et humour, à travers une fausse enquête sur cet amant pour prouver qu’il n’était pas un terroriste. Tout en intégrant des références culturelles du monde arabe et de l’Andalousie, elle s’interroge sur la notion de terrorisme, allant jusqu’à considérer le « terrorisme d’Etat », notamment lorsque le gouvernement central espagnol réprimait violemment les manifestations pacifistes et faisait patrouiller la police partout en permanence lors de la lutte pour l’indépendance de la Catalogne cette année-là. Le travail de cette artiste, souvent ironique, met ainsi en abîme le rôle intime que chacun peut jouer dans la sphère politique.

Juliette Soulez

HAUT DE PAGE