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Charlie Aubry

Vit et travaille à La Courneuve. Né à Lillebonne en 1990

www.charlieaubry.com

Aubry Charlie, Variations d'un quotidien, 2018, mixtes, Dimensions variables

Aubry Charlie, Variations d'un quotidien, 2018, mixtes, Dimensions variables

Aubry Charlie, STRATODRUNKASTER, 2013, mixtes, Dimensions variables

Aubry Charlie, Spoonloop, 2018, mixtes, Dimensions variables

Il n’est pas de référence plus juste pour appréhender la pratique de Charlie Aubry que celle du célèbre bricoleur décrit par Claude Levi Strauss dans La pensée sauvage. Collectionneur omnivore, accumulant des machines promises à une obsolescence programmée, Charlie Aubry compose des musiques faites de sons, d’événements inopinés et de rythmes en un certain ordre agencés. Un bras mécanique martèle un ostinato sur un vieux piano quand un tourne disque se met en marche, une lumière, puis un ventilateur... Les machines n’ont d’autres déterminations que celle pour lesquelles on les programme et les assemble. Son hacking des circuits et mécanismes d’appareils musicaux ou domestiques résiste à la croyance grandissante d’une société humaine peu à peu relayée par les machines. Mettant les mains dans les entrailles des circuits intégrés, piratant volontiers des dispositifs programmés (jusqu’à la sonnerie de son école d’art), levant le voile sur des informations confidentielles codées, poussant à l’erreur la logique interne de logiciels complexes, les compositions musicales et spatiales de Charlie Aubry expriment un pouvoir sans cesse renouvelé d’intervention sur le réel. Il détourne l’usage premier des appareils au profit d’une installation, ou d’une musique pour un spectacle de Maguy Marin, avec qui il collabore régulièrement, entourant d’une confusion salutaire la fausse certitude de l’ère numérique selon laquelle « on a ce qu’on voit » (what you see is what you get). Les installations de Charlie Aubry sont comme des accumulation à la Jason Rhoades mais dans lesquelles chaque élément serait connecté à un autre, générant des causalités surprenantes comme un organisme perturbant qui engendre et spécifie continuellement sa propre organisation. Pour Montrouge, Charlie Aubry prépare un cataclysme de cuisine, combinant deux installations mécaniques, l’une faisant sauter les lattes d’un vieux parquet, et l’autre mettant en vibration menaçante une pile de vaisselles et de casseroles desquelles surgit une improbable fontaine.

François Quintin

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