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Ellande Jaureguiberry

Vit et travaille à Asnières. Né à Colombes en 1985

ellandejaureguiberry.com

Jaureguiberry Ellande, Messenger II & Messenger I, 2017, faïence, métal, 110 x 25 x 25cm

Jaureguiberry Ellande, Bakeneko, 2017, mixte, Dimensions variables, ©Ludovic Zeller

Jaureguiberry Ellande, Don't be afraid of Matisse !, 2018, dessin graphite sur papier, 40 x 30cm

Jaureguiberry Ellande, Lampetotem, 2016, faïence, métal, 150 x 15 x 15cm

« D'où vient cette liberté accordée sur terre à tout ce qui respire, d'où vient, dis-je, cette volonté arrachée aux destins, qui nous fait aller partout où le plaisir entraîne chacun de nous, et, comme les atomes, nous permet de changer de direction ? » demande Lucrèce dans son poème De la Nature. La réponse se trouve dans la notion de « clinamen », cette légère déviation des atomes hors de leur trajectoire rectiligne qui introduit du hasard dans l’univers et explique la formation des corps.

Ce surgissement de l’aléatoire dans un monde régit par la nécessité semble irriguer le travail d’Ellande Jaureguiberry, peuplé de formes biomorphiques où les catégories a priori antinomiques du féminin et du masculin, du végétal, de l’animal et de l’humain se confondent dans une indétermination synonyme de fécondité. En céramique, faïence ou porcelaine, ses sculptures aux formes arrondies et aux couleurs pastel - desquelles sortent et rentrent des cordes, des tubes en plastique et des tuyaux de fer d’où pendent parfois des nez et des doigts en aluminium - constituent d’étranges communautés animistes ou totems de cultes inconnus. Elles sont issues d’un processus de création relevant du rituel, au cours duquel l’artiste entre dans une sorte de lutte ou de danse avec la matière, se laissant guider par elle tout autant qu’il la dirige, comme s’il s’agissait de suivre ses forces de germination. Des dessins en noir et blanc accompagnent ces sculptures : on y voit des blocs texturés et des fragments de corps flottant sur des fonds vaporeux, reliés entre eux par des lignes qui se rejoignent sur des socles, le tout évoquant des machineries matricielles. Pour le Salon de Montrouge, des volumes aux aspects métamorphiques juchés sur des piscines en plastique composent une fontaine d’où jaillit de l’eau, suggérant une source de vie porteuse d’une infinité de mondes, de choses et d’êtres possibles. Si l’artiste parle parfois de « post-apocalypse » à propos de son travail, il s’agit alors d’une apocalypse heureuse, qui n’est que la fin du monde dans lequel nous vivons.

Sarah Ihler-Meyer

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