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Pauline Lecerf

Vit et travaille à Chaville. Née à Paris en 1993

www.paulinelecerf.fr

Lecerf Pauline, Schémas pour expliquer aux plus simples, 2017, peinture numérique, Dimensions variables

Lecerf Pauline, Les plus beaux escalators du monde, 2018, Edition, performance, Dimensions variables

Lecerf Pauline, New Books at Jifeng Bookstore, 2018, Edition, installation, Dimensions variables, © Hellena Burchard

Lecerf Pauline, Technique Tour du Monde - La Qualité de l'Air, 2018, Visite Touristique, Dimensions variables, © Paul Devautour

Pauline Lecerf imagine des situations pour créer des rencontres collectives autour d’apprentissages, de découvertes et de discussions. Dans ses dessins quotidiens regroupés sous le titre Schémas pour expliquer aux plus simples, l’humour gaguesque dérive vers des réflexions philosophiques et inversement. Par l’installation, la performance, la vidéo et l’édition, elle met en scène ce qui est doublement faux mais triplement vrai, ce qui paraît creux mais se révèle plein de bon sens et de mauvaise foi. Comme lorsqu’elle conçoit un guide touristique parodique pour admirer Les plus beaux escalators du monde, ou mène des visites collectives de l’air de Shanghaï, désignant l’apparente vacuité céleste afin d’évoquer les problèmes de pollution. Tel Babouc face au « monde comme il va », l’artiste montre la paradoxale beauté de l’échec, de la bêtise, de l’absurde, et nous emmène vers l’expérience sensible d’un déraillement poétique.

Suite à une initiation sur « les déplacements collectifs » organisée par des militant.e.s, Pauline Lecerf propose à son tour aux publics du Salon de Montrouge des cours gratuits et sur inscription pour apprendre à tomber sans se faire mal, en particulier lors de rassemblements. Du mythe d’Icare à Vidéo Gag, de la chute des âmes dans Le Phèdre de Platon au « tombé du ciel » d’Higelin, du saut dans le vide d’Yves Klein à The Fall Dance de Pina Bausch : la chute est omniprésente dans nos vies et nos imaginaires, nos mythologies personnelles et universelles. L’indéniable puissance de la gravité nous ramène à notre condition humaine, où tragique et comique ne cessent de se croiser. Dans les chutes burlesques d’un Buster Keaton, la maladresse est pourtant toujours sublimée en une « incorporation » réussie dans la matière. Si selon Hubert dans le film La Haine : « L’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage », il semble parfois possible de transformer un mouvement raté en un art du rattrapage.

Marie Bechetoille

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