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Aline Morvan

Vit et travaille à Genève. Née à Courbevoie en 1982

www.alinemorvan.com

Morvan Aline, Les Affinités, 2017, Moulage, porcelaine poreuse, vin rouge, Dimensions variables, ©Thomas Maisonnasse

Morvan Aline, Les Affinités, 2017, Moulage, porcelaine poreuse, vin rouge, Dimensions variables, ©Thomas Maisonnasse

Morvan Aline, Les Affinités, 2017, Moulage, porcelaine poreuse, vin rouge, Dimensions variables, ©Thomas Maisonnasse

Morvan Aline, Epluchez, 2011, terre cuite enfumée, Dimensions variables, ©Nicolas Lelièvre

A la suite d’Aristote, la philosophie classique a nommé philosophia prima, la métaphysique : celle qui traite de l’être et de ses catégories primordiales. Par analogie, j’aime penser que l’arte prima mobilise les dimensions élémentaires du sentir et de l’existence. Aline Morvan travaille à cette profondeur. Là où des dispositifs mettent en scène la puissance de la matière, le miracle des formes et le dynamisme de la réalité.

Les affinités

Il y a, sur l’étagère, des odeurs dionysiaques, des textures inouïes, des couleurs tanniques et la révélation du mouvement imperceptiblement lent des rythmes de la matière. La capillarité des biscuits de porcelaine fait bruire le Panchronisme – ce bain universel de temps, étoffe même du réel. Les affinités montrent cette positivité du devenir, non pas destructeur ou corrupteur, mais créateur de formes et d’événements imprévus et imprévisibles. Ces strates bordeaux, ivres, serpentines, virant au charbon ou peuplées de moisissures, qui en aurait pu prédire la grâce et la fragilité ? Admiration : affect produit en nous par le spectacle d’une si fine nouveauté, arrêt de l’âme, éclat. Dionysos, tout à coup, a délaissé les libations pour la contemplation !

Epluchez

Il y a un tas, amas de formes retorses et aérées. Est-ce du métal ? Est-ce vivant ? C’est la terre qui a été épluchée, végétalisée, artificialisée. Sous la chaleur extrême, le carbone s’est paré de teintes irisées. Pelures minérales et terre brûlée. Comment s’agencent ces formes, comment s’affaissent-elles, comment se brisent-elles les ailes ? A chaque instant, infinitésimalement changeant, la configuration des individus-copeaux produit un nouveau tout-ensemble. L’espace remplit les moindres lacunes pour créer du lien. Aurions-nous sous les yeux une société d’êtres terrestres, relationnels, tous parents, tous différents, souvent souffrant à l’étroit, nul nécessaire et pourtant chacun irremplaçable ? En somme, en tas, nous, terriens fugaces, copeaux baignés d’espace. Dieux, épluchez-vous la terre ?

Damien Delorme

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