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Camila Salame

Vit et travaille à Paris. Née en Colombie en 1985

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Salame Camila, Esprit – Désorientés, 2019, Céramique, 14 x 10 x 7cm, © Camila Salame

Salame Camila, Esprit – Désorientés, 2019, Céramique, 14 x 10 x 7cm, © Camila Salame

Tout à la fois artiste, historienne de l’art, passionnée de sociologie et de philosophie, Camila Salame développe des œuvres dans lesquelles le socle de pensée conceptuelle vient efficacement appuyer l’esthétisme des formes plastiques pour les emmener vers une poésie du sensible et de l’émotion. A cela s’ajoute une construction identitaire complexe qui nourrit son travail. Colombienne, issue d’une famille d’immigrés libanais et désormais installée en France après un passage aux Etats-Unis, une grande partie de ses recherches s’articule autour de la quête de ses origines. Une interrogation sur la perte, la reconstruction, la fragilité et la mémoire qui vient prendre forme notamment autour de la symbolique de la maison. Inspirée par Bachelard, elle déploie des espaces intimes tels des rêveries pour tisser des liens entre les temporalités et les lieux d’une identité fragmentaire. Comme un oiseau migrateur, Camila Salame recompose cette identité au gré de ses voyages et de ses recherches, bâtissant des maisons imaginaires de papier (Au temps des champs de coton, 2013-2018), de pétales de fleurs, de lin, de feuilles d’or, hommages à l’artisanat (Maisons perdues. Romances du retour, 2013-2017), mais aussi des papiers peints comme des herbiers, qui lui rappellent sa Colombie natale selon la « botanique d’un paysage émotionnel » (Florilegio, 2017). De la même façon, le projet Eau de roses et Fleurs d’orangers (2018) emmène le spectateur sur les traces du Liban par la correspondance, la musique, le chant, les photos de voitures, la langue arabe ; toute une quête intime, à la fois douloureuse et tendre, complexe et poétique.

Ces thématiques se retrouvent et se condensent dans la réflexion qu’elle mène pour Montrouge autour de l’Ibis chauve, une espèce rare d’oiseau migrateur qui opère un parcours entre Syrie, Turquie, Arabie Saoudite, Yémen puis Ethiopie, retrouvé par hasard dans un nid à Palmyre puis disparu définitivement en 2015 après la destruction de la ville. A partir d’un grand nid tissé empli de cendres, d’une installation vidéo d’un lever de soleil, de dessins et d’une sculpture de cœur humain en céramique Camila Salame évoque la perte, la captivité, la migration, le sacré et la renaissance avec délicatesse et intelligence, non sans nous rappeler que l’étymologie d’ibis renvoie à l’horizon et que dans l’Egypte Ancienne, cet oiseau symbolisait la part de l’âme des défunts qui revient dans le monde des vivants après la mort.

Anne-Sarah Bénichou

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