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Radouan Zeghidour

Vit et travaille à Paris. Né à Paris en 1989.

Zeghidour Radouan, Au bout de la nuit, 2019, Installation peinture, Dimensions variables

Zeghidour Radouan, Extrait LXXV, 2019, Gravure, Dimensions variables, ©Etienne Guimond

Zeghidour Radouan, LXXV, 2019, Peinture, Dimensions variables, ©Etienne Guimond

Zeghidour Radouan, Voyage, 2019, Installation peinture, Dimensions variables, ©Etienne Guimond

Les installations de Radouan Zeghidour traduisent une certaine étrangeté du monde, un rapport chthonien à la matière et à la lumière. Son travail impose une lecture lente et progressive, comme le parcours imposé par la lecture contemplative d'un tableau flamand. L'oeil progresse, contourne, suit puis s'enfonce et entraîne avec lui le corps invité à participer, à percevoir les nombreuses dimensions dans lesquelles il peut ou non s'engager. Il construit des espaces complexes qui sont les traductions scénographiques des voyages qu'il effectue, bravant la plupart du temps l'interdit afin de découvrir et de s'emparer de lieux souterrains et abandonnés, un peu à la façon dont des aventuriers voudraient visiter des coins inexplorés de la Terre.

Échapper au quotidien, à la ville, au bitume. Explorateur de la ville et de ses sous-sols, Radouan Zeghidour ne transcrit pas une poésie éthérée, ne fait pas une lecture sociologique mais en restitue l’expérience en s'intéressant à ce qu'il y a dessous, ces strates abandonnées à elle-mêmes.

S'il évoque parfois la jouissance de conquête de l'alpiniste qui atteint des lieux inaccessibles, c'est que son travail est la restitution de ces explorations qu'il partage avec le public. Il fait le choix de s'intéresser à des détails invisibles, aux résidus, aux couleurs et aux matières qui composent ce monde inconnu et pourtant si proche. Orphée est descendu aux enfers, il en a rapporté des œuvres d'art, des empreintes et de la poussière.

En évoquant une certaine idée d'un voyage au bout de la nuit qu'il transpose en un voyage physique et métaphysique dans la ville, il construit une déambulation urbaine sans issue prévisible, incertaine mais aventureuse. Radouan Zeghidour évoque alors l'interminable voyage d'Ulysse détourné sans cesse de son chemin, à la rencontre notamment de sirènes pour que leur chant irrésistible et séducteur le conduise, comme dit l'artiste, « au fond d'un gouffre ».

Matthieu Lelièvre

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