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Léna Aboukrat

Le cimetière des éléphants

Installation (meubles, accessoires, drapeaux)

250 x 350 x 350 cm

2025

Léna Aboukrat présentera une performance le samedi 22 fevrier au Beffroi de Montrouge (14h30).

Né en 1998 à Paris

Vit et travaille à Paris

Diplômé de la Villa Arson, Nice

@lenaboukrat

Léna Aboukrat est né en 1998. Il travaille à Paris. Il est diplômé de la Villa Arson, Nice.

Par Sophie Lapalu

Fouiller dans les fun facts de l’Histoire l’envers de celle-ci

S’emparant avec humour du kitsch des cérémonies officielles, de la pompe des grands discours, du clinquant du décorum, la dernière œuvre de Léna Aboukrat nous interroge : qui a l’honneur d’être célébré·e ? Qui a le droit à la mémoire nationale ? Quels noms seront inscrits sur les monuments ? Le Bal des oublié·es (2024), installation et performance collective, propose de commémorer des personnes décédées que le public considère comme négligé·es par l’Histoire. Les monuments sont en effet à destination des générations futures en vue de consacrer ce qu’il s’est passé, mais qui en décide ? Car au final, qui écrit l’Histoire ? Et qui nous la relate ? « Je mène des recherches sur des gestes historiques de gloires, de fêtes et de défaites. Par cette collection et en la racontant, je cherche à questionner la hiérarchie des savoirs et de celles et ceux qui la racontent ainsi que notre rapport aux institutions comme porteuses de mémoires intimes. » Aussi, l’artiste invente-t-il des récits où l’humour côtoie la tragédie, le camp s’allie au drapeau français et le mauvais goût institutionnel frôle le crime de lèse-majesté.

Diplômé de la Villa Arson, Léna Aboukrat a grandi dans une famille engagée dans la mémoire de la Shoah ; lui-même travaille aujourd’hui à la librairie du mémorial à Paris. Empruntant des chemins fictionnels entre performances, installations et vidéos, il s’empare de ces questions mémorielles, costumé de velours, rehaussé de galons et maquillé de paillettes. Il nous emmène ainsi au travers de récits historiques autant fantasmés que documentés, relatant ici la sororité au sein d’un lieu qui regroupait théâtre, église et université durant la guerre (Vous avez déjà vu un théâtre s’arrêter parce que quelqu’un·e s’est fait écraser dehors ? 2024) ; et là, un livre de recettes dans le ghetto niçois (Cookbook pour la reine du ghetto ou conte pour servir à l’histoire du spectaculaire Juif, 2023). La vidéo Karussel (2023, du nom du cabaret monté par Kurt Gerron dans le camp de Theresienstadt pour distraire les autres détenu·es) oscille entre documentaire et mise en scène théâtrale ; on y découvre les souvenirs d’enfant cachée de Madeleine Germain, le récit déchirant de Pierre Lellouche (qui découvrit le visage de ses parents jamais connus grâce à une photo de tournage où iels avaient travaillé), ou encore les mémoires de Suzanne Beer, fille d’un compositeur juif d’opérettes populaires polonaises. L’artiste cherche à retrouver l’ambiance des théâtres juifs de l’entre-deux guerres (Maïta Kanovitch, performance et projection, 2022, One Jewish Women Show, performance, 2022) comme les formes de résistance à l’œuvre dans les camps (Le Plus Beau Moment d’une vie, concert 2021). Ainsi ne cesse-t-il de fouiller dans les fun facts (je le cite) de l’Histoire l’envers de celle-ci.

Le Bal des oublié·es (détail), 2024
Performance, crédit photo : Victoria Stipa, soutiens : Michelle Feeley, Chloé Charrois.

Karussell, 2022,
Vidéo, 14 min, avec Suzanne Beer, Madeleine Germain et Pierre Lellouch.

La Vicaire

© Victoria Stipa, Léna Aboukrat

Karussell 2022

© Vidéo, 14 min, avec Suzanne Beer, Madeleine Germain et Pierre Lellouch.

Maïta Kanovitch

© Victoria Stipa

Le Bal des Oublié.e.s

© Performance, crédit photo : Victoria Stipa, soutiens : Michelle Feeley, Chloé Charrois

Léna Aboukrat was born in 1998. He works in Paris. He graduated from The Villa Arson in Nice.
By Sophie Lapalu
Rummaging through the fun facts of history to find its underside.

In a humorous take on the kitsch nature of official ceremonies, the pomp of grand speeches and the glitz of decorum, Léna Aboukrat's latest work asks: Who has the honour of being celebrated? Who has the right to enter national memory? Whose names will be inscribed on monuments? An installation and collective performance, Le Bal des oublié·es [The Ball of the Forgotten] (2024) proposes to commemorate deceased people whom the public consider to have been neglected by History. This is what monuments are for, enshrining what happened for generations to come, but who makes these decisions? After all, who writes History? And who tells it? “I'm researching historical gestures of glory, celebration and defeat. Through this gathering and presentation of information, I seek to question both hierarchies of knowledge, and of those who produce it, as well as our relationship to institutions as the bearers of intimate memories.” As a result, the artist invents narratives in which humor and tragedy coexist: camp joins forces with the French flag, institutional bad taste verges on high treason.

A graduate of The Villa Arson, Aboukrat grew up in a family committed to the ongoing memory of the Holocaust, and now works at The Holocaust Memorial bookshop in Paris. Through the fictional paths of performance, installation and video, he takes up these questions of memory, dressed in velvet, embellished with stripes and glittery make-up. He takes us on a journey through historical narratives that in equal parts fantasy and research, recounting sorority in a place that combined theatre, church and university during the war (Vous avez déjà vu un théâtre s'arrêter parce que quelqu'un·e s'est fait écraser dehors ?[Have You Ever Seen a Theater Shut Down Because Someone Got Run Over Outside?], 2024); and elsewhere, a recipe book from the Nice ghetto (Cookbook pour la reine du ghetto ou conte pour servir à l'histoire du spectaculaire Juif [Cookbook for the Queen of the Ghetto or Tale to Serve the History of the Spectacular Jew], 2023). The video Karussel (2023, named after the cabaret set up by Kurt Gerron in the Theresienstadt camp to entertain fellow inmates) oscillates between documentary and theatrical staging: We discover Madeleine Germain's memories of a hidden child, Pierre Lellouche's heart-rending account (who discovered what his parents’ faces looked like from a photo taken on the set of a film they had worked on), and the memoirs of Suzanne Beer, daughter of a Jewish composer of popular Polish operettas. The artist seeks to recapture the atmosphere of the Jewish theaters of the interwar period (Maïta Kanovitch, performance and projection, 2022, One Jewish Women Show, performance, 2022), as well as the forms of resistance at work in the camps (Le Plus Beau Moment d'une vie [The Most Beautiful Moment of a Life], concert, 2021). In this way, he never ceases to rummage through the fun facts (and here I quote him) of History to find its underside.



Le Bal des oublié·es [The Ball of the Forgotten] (detail), 2024
Performance, photo credit: Victoria Stipa, supporters: Michelle Feeley, Chloé Charrois.

Karussell, 2022
Video, 14 min, with Suzanne Beer, Madeleine Germain and Pierre Lellouch

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