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Clément Bataille

Chute, Baptême, Baiser

Huile sur bois

167 × 232 cm (panneaux latéraux gauche et droit 167 × 58 cm chacun, panneau central 167 × 116 cm)

2024-2025

Portraits (tu ne ferras pas d'images)

Céramiques émaillées

Dimensions variables

2024-2025

Né en 1991

Vit et travaille à Paris

Diplômé de l’Ecole du Louvre, Paris

http://clementbataille.com

@clement.bataille

Clément Bataille est né en 1991. Il travaille à Paris. Il est diplômé de l’École du Louvre.
Par Clément Raveu

La peinture de Clément Bataille s’apprécie par sa discrétion. On y entend quelques murmures épars sans toutefois réussir à distinguer clairement ce qui y est dit. La promesse d’une révélation et la perspective d’une confusion peuvent, après tout, être délectables chacune à leur manière. Son penchant pour l’histoire de la peinture des primitifs italiens peut être délibérément troublé par des allusions au palimpseste, ce parchemin usé par le temps où s'accumulent des inscriptions sédimentées, des idées voilées à l'importance obscurcie. De la peinture à la céramique, l’artiste peint des hommes et des femmes qui, dans leur mise en œuvre, deviennent le vecteur d’un sacré, organique et métaphysique, tout en bousculant les interdits du christianisme : trivialité et travestissement des sujets, couleurs vives, nudité et torses musclés. Cet univers à la fois doux et éclatant dynamite ainsi une première impression de sobriété.

Le sacré chez l’artiste prend une dimension paradoxale : loin de la solennité austère des icônes traditionnelles, il réintroduit la corporalité, la chair et même l’érotisme dans ses compositions. Ses personnages semblent pourtant distants, muets, comme retirés dans une temporalité autre. Ils deviennent des archétypes, des figures presque mythologiques réincarnées dans des postures d’aujourd’hui. D’un autre côté, la matière elle-même devient un terrain de jeu où ces tensions s’expriment. Le passage à la céramique, avec ses textures, ses fissures et ses imperfections, amplifie cette idée de sédimentation et de patine du temps. Les craquelures et les reliefs parfois exagérés évoquent une forme de précarité, de fragilité, qui tranche avec la permanence des mythes et des croyances. Or, loin de chercher à détruire ces dogmes, Clément Bataille les revitalise en les confrontant à notre époque. Cette matérialité donne une densité particulière à ses œuvres, évoquant un temps long où l’Histoire se mêle à la ruine, où la dévotion devient imparfaite voire éphémère, à la lisière du rêve et du souvenir.

Ses œuvres se lisent comme des fragments d’un récit plus vaste, où chaque tableau, chaque sculpture, vient s’ajouter à une fresque en perpétuelle construction, créant ainsi des ponts entre des temporalités distinctes, réconciliant archaïsme et contemporanéité. Ses compositions, souvent d’une grande simplicité, cachent en réalité une complexité de couches sémantiques et visuelles. Le regard des spectateur·rices est invité à se perdre dans des entrelacs, devenant ainsi explorateur·rices, à la recherche de correspondances secrètes, d’indices sporadiquement disséminés dans le sous-texte de ses productions. Ces effets de contraste, entre retenue formelle et audace chromatique, reflètent l’ambivalence d’un artiste qui refuse l’enfermement d’une lecture univoque. En réconciliant ces différentes strates de sens, Clément Bataille crée des œuvres qui interrogent notre rapport à la croyance, à l’Histoire et à la représentation. Ses peintures et céramiques sont autant d’espaces de réflexion où le temps se suspend, et où passé et présent se fondent dans une même matière

Manger le soleil, 2024
Huile sur bois, 29 x 21 cm, courtesy de l'artiste.

Jérôme, 2023
Huile et feuille de métal sur bois, 3 panneaux de 30 x 21 cm
Vue de l'exposition Rosaire à la DS Galerie, crédit photo : DS Galerie, Valentin Vie Binet

Spit on it, 2024
Faïence, oxydes, émail, 17 x 14 cm, courtesy de l'artiste.

Spit on it, 2024

© Faïence, oxydes, émail, 17 x 14 cm, courtesy de l'artiste

Manger le soleil, 2024

© Huile sur bois, 29 x 21 cm, courtesy de l'artiste.

Piero

Jérôme, 2023

© Huile et feuille de métal sur bois, 3 panneaux de 30 x 21 cm Vue de l'exposition Rosaire à la DS Galerie, crédit photo : DS Galerie, Valentin Vie Binet

Thelma, Salvador Mundi

Clément Bataille was born in 1991. He works in Paris. He graduated from École du Louvre.
By Clément Raveu

Clément Bataille's painting is appreciated for its discretion. You can hear a few occasional whispers, but you can't clearly make out what is being said. The promise of revelation and the prospect of confusion can, after all, be delectable in their own way. His penchant for the history of Italian primitive painting can be deliberately muddled by allusions to the palimpsest, that time-worn parchment where sedimented inscriptions accumulate, ideas veiled in obscured importance. From painting to ceramics, the artist paints men and women who, as paintings, become vectors of an organic and metaphysical sacredness, while at the same time upsetting Christian prohibitions: triviality and troubled identity, bright colours, nudity and muscular torsos. This universe, at once gentle and dazzling, blows away an initial impression of restraint.

The sacred in the artist's work takes on a paradoxical dimension: far from the austere solemnity of traditional icons, he reintroduces corporality, flesh and even eroticism into his compositions. Yet his figures seem distant, mute, as if withdrawn into another temporality. They become archetypes, almost mythological figures reincarnated in contemporary postures. On the other hand, the material itself becomes a playground where these tensions are expressed. Bataille’s transition to ceramics, with its textures, cracks and imperfections, amplifies this idea of sedimentation and the patina of time. The cracking and sometimes exaggerated relief evoke a kind of precariousness, a fragility that contrasts with the permanence of myths and beliefs. Yet far from seeking to destroy these dogmas, Bataille revitalizes them by confronting them with the present day. This materiality lends a particular density to his works, evoking a deep past where history implies ruin, where devotion becomes imperfect or even ephemeral, on the edge of dream and memory.

His works can be read as fragments of a larger narrative, with each painting or sculpture adding to a fresco that is constantly under construction, building bridges between distinct temporalities and reconciling archaism with contemporaneity. His compositions, often of great simplicity, conceal complex semantic and visual layers. The viewer's gaze is invited to lose itself in the interweaving, becoming an explorer searching for secret correspondences, clues sporadically scattered throughout the subtext of his productions. These contrasting effects, between formal restraint and chromatic audacity, reflect the ambivalence of an artist who refuses the confines of a univocal reading. By reconciling these different layers of meaning, Bataille creates works that question our relationship with belief, history and representation. His paintings and ceramics are spaces for reflection, where time stands still, past and present merging into the same material.

Manger le soleil [Eating the sun], 2024
Oil on wood, 29 x 21 cm, courtesy of the artist.

Jérôme, 2023
Oil and metal leaf on wood, three panels, 30 x 21 cm
View of the Rosaire exhibition at DS Galerie, photo credit: DS Galerie, Valentin Vie Binet

Spit on it, 2024
Earthenware, oxides, enamel, 17 x 14 cm, courtesy of the artist.

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