Dear my Failures
Plaque en acier, bois contreplaqué, cadre en aluminium
92x60 cm
2025
The Weight of the Earth (1-2)
Plaques d’acier et de polyester, serrure, clé, papier
30x22x10 cm
2025
Terminus .(endless)
Acier, boules en bois
40x50x90 cm
2025
Né en 1993 en Corée du Sud
Vit et travaille à Paris
Diplômé des Beaux-Arts de Paris
https://www.youtube.com/@sehyounglee1993
Lee Sehyoung est né en 1993. Il travaille à Paris. Il est diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
Par Léa Bismuth
L’intensité des collisions
Tout jeune diplômé de l’école des beaux-arts de Paris (atelier Petrit Halilaj et Alvaro Urbano), Lee Sehyoung développe une pratique de la performance très engagée, tant du point de vue du contenu, en se confrontant aux violences territoriales de notre monde, que des morceaux chorégraphiques qu’il écrit et met en espace.
Son geste d’artiste trouve son origine dans des textes, des poèmes qu’il écrit le plus souvent sur son téléphone portable, comme des épiphanies répondant à un stimulus cérébral. Dès le départ, cette situation d’écriture est une danse. Imaginons : l’auteur se trouve captif du métro parisien, en situation de blocage physique, et pourtant immergé dans une certaine ambiance (la rame, est-elle pleine, ou au contraire complètement vide ?), dans un lieu fixe qui est en mouvement paradoxal et permanent, favorisant également les échanges et une mise en contact entre les corps anonymes. Ces poèmes, comme autant de questions, sont fondateurs : ils témoignent de la nécessité de décoder une position de frottement, et parfois de conflit, entre l’Orient et l’Occident, entre la Corée du Sud dont est originaire l’artiste et la ville dans laquelle il vit désormais, Paris. Une fois ces poèmes composés, ils constituent la trame d’un « processus de schématisation », c’est-à-dire d’un système de croquis et de notes qui deviennent la base d’une spatialisation sculpturale et performative. Tout est ici affaire de langage et de traduction : d’une langue dansà une autre (entre le coréen, le français et l’anglais), d’un espace dansà un autre, et, ajoutons, du cérébral au physique, de la tête au cœur.
Dès son diplôme deème 3e année, avec la pièce [ici]divague (2021), il s’agissait déjà de créer une tension entre des territoires qui se rencontrent, se frôlent, entrent en contact, avec différents degrés de sismicité, de subtilité, et de violence contenue. Deux années plus tard, avec Gyemyeon (2023), les corps assument complètement leur fonction d’écriture spatiale. Gyemyeon est un mot coréen qui signifie l’interface et la frontière, et qui exprime donc la notion de limite entre deux entités. À partir de là, six performeur·euses activent la notion bouddhiste de saṃsāra, celle de cycle infini dans lequel des êtres naissent et meurent perpétuellement. Les énergies circulent entre les corps et les identités se démultiplient. C’est pour Lee Sehyoung une recherche de ce qu’il appelle la « violence chaleureuse », la chaleur produite entre deux corps qui ne cessent de se percuter et de se séparer, de jouer de la distance et de la collision. Plus récemment, l’artiste a performé seul, avec Fail me softly (2024) jusqu’à l’épuisement, en mettant en jeu une question de genre qui le traverse personnellement : celle de la violence dominatrice et masculiniste exercée sur les corps. En détournant les codes du CrossFit, une pratique mêlant haltérophilie et gymnastique, il s’agit d’incarner cette fois, dans son propre corps, les zones d’intensité et l’extrême de la limite.
Gyemyeon 계면, 2024
Performance, installation, son, 80 min, crédit photo : Sinae Lee.
Fantasy (Shadow), 2024
Performance, 30 min, crédit photo : Sinae Lee, co-création: Yeongseo Jee.
Lee Sehyoung was born in 1993. He works in Paris. He graduated from École nationale supérieure des beaux-arts, Paris.
By Léa Bismuth
Collision intensity
A recent graduate of the École des Beaux-Arts in Paris (in the studio of Petrit Halilaj and Alvaro Urbano), Lee Sehyoung’s performance practice is deeply political, both in terms of the content (confronting the territorial violence of our world) and form of his choreographic pieces that he writes and stages.
His artistic gesture is rooted in the texts and poems that he usually writes on his phone, epiphanies that respond to cerebral stimuli. From the outset, writing is a dance. Let's imagine: the author finds himself captive in the Paris metro, physically stuck, yet immersed in a certain atmosphere (is the train full, or on the contrary, completely empty?), still in place of constant, paradoxical movement, that favors exchanges and contact between anonymous bodies. These poems, like so many questions, are the foundations of his work: they attest the need to decode a certain kind of friction, and sometimes conflict, between East and West, between the artist's native South Korea and the city in which he now lives, Paris. Once these poems have been composed, they form the framework for a "schematization process", i.e. a system of sketches and notes that become the basis for a sculptural and performative spatialization. Everything here is a matter of language and translation: from one language to another (between Korean, French and English), from one space to another, and, let's not forget, from the cerebral to the physical, from the head to the heart.
As early as his third-year diploma, with the piece [ici]divague (2021), he was already creating tension between territories that meet, brush against each other, come into contact, with varying degrees of seismicity, subtlety and contained violence. Two years later, with Gyemyeon (2023), bodies fully assume their function as spatial writing. Gyemyeon is a Korean word meaning interface and border, expressing the notion of a boundary between two entities. From there, six performers activate the Buddhist notion of saṃsāra, an infinite cycle in which beings are perpetually born and die. Energies circulate between bodies and identities multiply. For Lee, he is searching for what he calls "warm violence", the heat produced between two bodies that are constantly bumping into each other and separating, playing with distance and collision. More recently, the artist has performed Fail me softly (2024) alone, to the point of exhaustion, bringing into play the gender issues that run through him personally: notably the effect of domineering, masculinist violence exerted on bodies. By hijacking the codes of CrossFit, a practice combining weightlifting and gymnastics, this time the intention is to embody, in his own body, zones of intensity, the edge of the extreme.
Gyemyeon 계면, 2024
Performance, installation, sound, 80 min, photo credit: Sinae Lee.
Fantasy (Shadow), 2024
Performance, 30 min, photo credit: Sinae Lee, co-creation: Yeongseo Jee.