All cows are beautiful
Peinture
80 x 200 cm
2023-2024
L’équipe de valorisation des torchons et des paillassons
Tapis en fibre polyamide torsadée
85 x 115 cm
2021
Pour le Salon de Montrouge, le duo ORAN réside pendant un mois à Montrouge pour co-construire une œuvre avec les membres du café solidaire et culturel Le Schmilblick. Les visiteurs de l’exposition découvriront le résultat de leur travail artistique pendant toute la durée du Salon.
Né·es en 1994 et 1993
Vivent en travaillent à Lille
Diplômé·es du Master Design d’Espace et Alternatives Urbaines, Vitry-sur-Seine
duo ORAN. Morgane Clerc est née en 1994, Flo·re Clerc est né·e en 1993. Iels travaillent à Lille.
Iels sont diplômé·es du master Design d’espace et alternatives urbaines, Vitry-sur-Seine.
Par Licia Demuro
Si le collectif Claire Fontaine transforme la devise « Étranger partout » en signalétique lumineuse, le duo ORAN, lui, la met directement en acte dans l’espace public et intime. En allant « là où il ne comprend pas », il jette un regard neuf sur les normes et leurs constructions sociétales, tout en repensant leur portée politique. C’est à cet endroit, où nos zones de confort sont réduites à néant, que le duo vient travailler le partage humain comme un matériau à part entière. Pour cela, chacune de ses œuvres se déploie dans une totalité situationnelle : à partir des ressources endogènes, se dessine une action collective qui se traduit par des échanges, des créations culinaires ou la production d’objets pouvant contribuer au bien commun.
Dans une démarche proche de l’anthropologie, le duo explore de nouveaux territoires en portant son attention sur tout ce qui relève du langage : des appellations, des expressions, des croyances, des jeux de mots et autres formes de récits puisés dans le contexte d’intervention. Questionnés dans leur sens littéral ou symbolique, ces éléments deviennent le déclencheur d’initiatives joyeuses à réaliser à plusieurs. Mais pour ça, il faut des allié·e·s.
Inscrit dans une démarche d’art socialement engagé, telle que celle définie par Pablo Helguera dans son ouvrage Education for Socially Engaged Art (2011), ORAN embarque des communautés dans l’expérience de sa propre création. C’est ainsi que le duo propose, par exemple, à des collégien·nes, dont les préoccupations tournent souvent autour de la réussite économique, de « faire du beurre » auprès d'agriculteur·rices du Nord, ou alors qu’il convainc des résident·e·s d’Uzès, en Occitanie, de faire des frites à l’huile d’olive endémique.
Dans chacune de ces propositions, la notion de valeur est déficelée pour être appréhendée par le prisme social des relations et du « faire ensemble ». Pour s’aider, le duo s’empare également, sur un ton décalé et farceur, des outils et des formats de la sociologie, tels que l’enquête, le bureau d’étude ou le formulaire. Entre 2020 et 2022, il lance l’Observatoire des excès et des pénuries, un cycle de recherche et de création comportant l’activation de cinq protocoles artistiques correspondant à des missions à accomplir au sein de territoires spécifiques. Dans ce cadre, il imagine « L’Équipe de valorisation des torchons et des paillassons » qui, dotée de questionnaires et de combinaisons de travail, est partie toquer aux portes des habitant·es des trois barres d’immeubles du quartier du Grand Parc à Landrecies, dans le Nord, afin de recenser les goûts en matière de torchons et de tapis. À partir des données recueillies lors de l’inspection, le duo a conçu une série de six paillassons pour l’espace commun des halls d’entrée sur lesquels viennent se croiser les motifs domestiques et les histoires personnelles des voisin·es. Conçus comme des cadeaux ou des souvenirs, les objets travaillés collectivement lors de leurs actions viennent révéler « le potentiel de fictionnalité présent en chaque lieu ». Systématiquement réinjectés dans l’espace commun, ces objets incarnent aussi une trace narrative et poétique pouvant susciter de nouvelles aspirations émancipatrices.
Les Déclassé·es, 2024
Céramique, dimensions variables, courtesy des artistes.
La Nappe rose, 2022
Performance collective, 60 min, courtesy des artistes.
Un'altra repubblica, 2023
Protocole, série de pierres gravées, dimensions variables, courtesy des artistes.
ORAN duo. Morgane Clerc was born in 1994, Flo·re Clerc was born in 1993. They work in Lille.
They have master's degrees from Spatial Design and Urban Alternatives, Vitry-sur-Seine.
By Licia Demuro
While the collective Claire Fontaine transforms the motto "Foreigners everywhere" into illuminated signage, the ORAN duo puts it directly into action in both public and intimate spaces. Atrracted to that which "they don't understand," they take a fresh look at norms and their societal constructs, while rethinking their political significance. It's in these places, where our comfort zones are reduced to nothing, that the duo worka on the human act of sharing as a material in its own right. To this end, each of their works, based on endogenous resources, unfolds within a situational totality that takes the form of a collective action: exchanges, culinary creations or the production of objects that can contribute to the common good.
In an approach akin to anthropology, the duo explores new territories by focusing on everything to do with language: names, expressions, beliefs, puns and other forms of storytelling drawn from the context of intervention. Questioned in both their literal or symbolic sense, these elements become the trigger for joyful initiatives to be carried out by several people. But for that, you need allies.
Working within the lineage of socially engaged art, as defined by Pablo Helguera in his book Education for Socially Engaged Art (2011), ORAN involves communities in the experience of its own creation. For example, the duo invited high-school students, whose preoccupations often revolve around economic success, to "make butter" with farmers in the north of France, or persuaded residents of Uzès, in Occitanie, to make fries with local olive oil.
In each of these proposals, the notion of value is unraveled, apprehended through the social prism of relationships and "working together". To help them do so, the duo also uses the research tools and methodology of sociology, such as surveys, research studies and forms, with an offbeat, farcical tone. Between 2020 and 2022, they launched the Observatoire des excès et des pénuries, a cycle of research and creation involving the activation of five artistic protocols corresponding to missions to be accomplished within specific territories. As part of this project, they created the “Tea Towel and Doormat Recovery Team,” a team equipped with questionnaires and uniforms, who knocked on the doors of residents living in three blocks of flats in the Grand Parc district of Landrecies, in a northern region of France, to find out their tastes in tea towels and doormats. Based on the data gathered during the inspection, the duo designed a series of six doormats for the communal space of the entrance halls, on which domestic motifs and the personal stories of neighbors intersect. Conceived as gifts or souvenirs, these collectively conceived objects reveal "the potential for fictionality to be present everywhere". Systematically reinserted into common space, the duo’s objects embody both a narrative and poetic trace that are capable of sparking new emancipatory aspirations.
Les Déclassé·es [The Declassified], 2024
Ceramic, dimensions variable, courtesy of the artists.
La Nappe rose [The pink Tablecloth], 2022
Group performance, 60 min, courtesy of the artists.
Un'altra repubblica [Another Republic], 2023
Protocol, series of engraved stones, dimensions variable, courtesy of the artists.