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Raphaël Fabre

Né en 1989 à Paris
Vit et travaille à Paris

Formation : ENSBA, paris (2010 - 2015)
Supports utilisés : Pratiques mixtes

raphaelfabre.com

CNI – Carte, 2017 Carte d'identité, 7 x 10 cm

CNI – Portrait, 2017 Techniques mixtes Dimensions variables

Paradise Lost – Reunion, 2016 Installation - Décor - Performance Dimensions variables

The Machine in the Garden, 2016 Image numérique Dimensions variables

Du travail de Raphaël Fabre émergent bien souvent des procédés destinés à tester la faculté de perception et de compréhension du spectateur, sa capacité à distinguer le réel du virtuel, le vrai du faux. L’Histoire et l’actualité, aussi officielles et admises soient-elle, ne seront toujours que des versions parmi d’autres des événements et les utopies anciennes trouvent de nombreuses incarnations dans les dystopies qu’il crée.

Par la reconstitution d’environnements, l’exploration de l’univers du jeu vidéo et la manipulation des images numériques, il développe une réflexion fascinante en étudiant ces processus qui aboutissent à l’acceptation et à la validation du récit. Quand il réalise des installations immersives à la façon dont on reconstitue des décors, fictionnels ou existants, il invite son spectateur à s’immerger dans le récit et il brouille ainsi le principe fictionnel en donnant une incarnation troublante, testant par là-même les limites d’une distinction entre le virtuel et le réel. Au-delà de reconstitutions, dans l’esprit d’un Robert Kusmirowski qu’il cite volontiers, certains de ses travaux tels que CNI, une fameuse photographie d’identité qui l’a fait connaître du public en 2017, explorent au contraire la façon dont ce décalage entre le réel et la fiction vient s’insérer dans la vie quotidienne et introduire des décalages inattendus. Le portrait numérique en 3D correspondant aux exigences de la préfecture a été produit avec une fidélité telle qu’aucune procédure de validation n’a pu empêcher la publication officielle du document, définissant l’identité d’un individu reconstitué artificiellement, au moins son image. Ceci pose de nombreuses questions sur la place qu’occupe désormais le code dans ce maillage électronique qui se resserre toujours plus, transformant la vie et l’image en données artificielles par essence.

L’opposition persistante entre la réalité et la virtualité prend une toute autre dimension dans son travail. Faut-il nécessairement les opposer ? Les recherches de Raphaël Fabre semblent permettre d’en douter.

Par Matthieu Lelièvre

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