Si l’on faisait un relevé de mes états de service passés, l’un des principaux points d’intérêt qu’on remarquerait serait, sans conteste, mon constant intérêt pour le concept même de scène émergente.
Starface / Julien De Rosa
J’ai toujours été intéressé par les jeunes générations et avoir cette opportunité d’être aux premières loges afin de soutenir et promouvoir l’émergence, fut la principale raison de ma candidature pour le salon de Montrouge
En quoi est-ce important de soutenir aujourd’hui la création émergente au regard de la société ?
Je dirais que la demande est réciproque et soutenue : d’une part, de nombreux artistes frappent aux portes de la consécration et ce serait dommage de ne pas leurs offrir une tribune et d’autre part, le public qui est de plus en plus friand de prendre connaissance de l’état actuel de la création.
Quelle est votre approche en matière de sélection des artistes pour une telle exposition ?
Nous avons voulu être attentifs à ce qu’ils et elles avaient à dire et combien ils et elles avaient atteint un degré de maturation dans leurs développements formels. Nous avons retenu ceux qui nous semblaient se détacher du lot par la qualité et la fraicheur de leurs œuvres et leurs projets.
Le comité de sélection n’est pas différent dans sa composition des éditions précédentes, il est un peu plus restreint et il comprend des collègues curateurs qui travaillent indépendamment ou dans un contexte institutionnel, des critiques d’art, une collectionneuse, des galeristes, et même un artiste.
Tous sont connus et reconnus pour leurs connaissances du milieu et leur intérêt manifeste pour l’émergence. Nous avons, Marie et moi, procédé à une « pré-sélection » en amont et nous avons retenu d’abord environ 280 dossiers que nous avons après distribué à chaque membre du comité qui ont sélectionné à leur tour les artistes qui leur semblaient les plus intéressants et les plus en phase avec l’adéquation au présent. C’est ainsi qu’en additionnant ceux qui ont eu le plus d’opinions favorables, nous avons abouti aux 60 artistes de la fournée finale.
Quelles sont les clés de lecture de cette exposition 2016 ?
Nous avons « rédigés » cinq chapitres qui regroupent à chaque fois un certain nombre d’artistes dont les propos et les partis pris formels vont dans le même sens. Le rapport à soi et à l’autre, spécifiques de cette nouvelle génération, le souci croissant pour le destin de la planète, le désenchantement par rapport au politique mais une volonté d’engagement de type lanceurs d’alerte, l’érosion de l’intime au profit du partage et la mise en réseau, le bricolage et le télescopage d’objets de récupération traités comme des partitions musicales…
Qu’apporte une exposition collective par rapport à une présentation par module individuel ?
J’ai proposé un dispositif d’exposition de groupe car je suis convaincu que les artistes vont se trouver dans un contexte beaucoup plus valorisant malgré les apparences. Et parce que nous, Marie Gautier et moi-même, allons nous efforcer de fournir davantage de clés de compréhension en mettant en exergue les accointances, les proximités, les petites et grandes familles et les dénominateurs communs. Une exposition collective est une entreprise curatoriale qui permet davantage de vision et de cohérence d’ensemble et ratifie mieux un profil générationnel.
Qu’est-ce qui vous a plu dans leur travail de R. Fischler et V. Le Bourdon ?
Ce qui nous a plu est leur intelligence et leur ouverture d’esprit ainsi que le fait d’envisager la scénographie d’une exposition comme un mouvement symphonique qui sert à mettre en valeur les œuvres et les démarches des artistes mais aussi rendre le parcours du visiteur plus convivial.
Vous mettez à l’honneur le Cabaret Voltaire dans cette 61e édition. Quel est le message que vous voulez faire passer ?
Je tenais à ce que l’évènement satellite vienne en appui et en toile de fond signifiante de la manifestation majeure. Le mouvement Dada, qui est né il y a cent ans, a marqué tant de lignées d’artistes à travers les décennies et continue de déteindre par son esprit sur toute génération confondue. On retrouve constamment des formes renouvelées et des références appuyées, y compris chez les protagonistes de cette édition.
Le défi des 23.000 visiteurs ne vous fait-il pas peur ?
Rencontres / Portraits
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