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Sabrina Belouaar

Vit et travaille à Paris. Née à Charenton-le-Pont en 1986

www.sabrinabelouaar.com

Belouaar Sabrina, M.Bobigny, 2016, Tirage Lambda contrecollé sur dibond, 72 x 90, © Sabrina Belouaar / © Adagp, Paris, 2019

Belouaar Sabrina, Henna, 2015, Henné sur toile, 200 x 151, © Sabrina Belouaar / © Adagp, Paris, 2019

Belouaar Sabrina, Dada, 2018, Plâtre et ancienne ceinture en cuir, Dimensions variables, ©Sabrina Belouaar / © Adagp, Paris, 2019

Belouaar Sabrina, Dada, 2018, Plâtre et ancienne ceinture en cuir, Dimensions variables, ©Sabrina Belouaar / © Adagp, Paris, 2019

Au cœur du travail de Sabrina Belouaar se trouve le corps. Non pas un corps exhibé, manifeste, provoquant. Mais un corps tronqué, partiel, évoqué, et toujours contraint. Un corps qui ne se suffit pas à lui-même, qui ne se définit pas par lui-même, mais auquel différentes interventions, transformations, adjonctions sont nécessaires pour, enfin, lui conférer son identité.

Le corps, l’identité sont donc ici définis par ce qui les ceint, les pare, les travestit, les emprisonne. Comme dans l’œuvre Dada, où la ceinture évoquant le père n’est plus un apparat, ou un élément fonctionnel destiné bonnement à tenir, voire soutenir, mais bien à restreindre, réduire voire entraver quand les circonstances l’imposent.

Pour Henna, l’artiste réalise, à son échelle, un monochrome - étalon du modernisme occidental - en couvrant la toile de plusieurs couches de henné. Déjà utilisé par les Egyptiens pour teindre les ongles et les cheveux des momies, cette poudre obtenue à partir des feuilles d’un arbuste épineux sert encore aujourd’hui à teindre les cheveux ou embellir la peau des femmes, notamment à l’approche de leur mariage. Son application métamorphose, certes, mais son effet reste éphémère. Appliqué sur la toile, il conserve ce caractère en étant friable et rappelant presque une terre asséchée, un désert en formation.

Quand surgit M.Bobigny, ce corps empanaché de chaines et de cadenas, on pense spontanément à une construction. Il n’en est rien : M.Bobigny existe et Sabrina Belouaar l’a rencontré de l’autre côté du périphérique. Non sans rappeler Mister T., ce corps singulier, étonnant, surabondant vient souligner que, dans le travail de l’artiste, malgré les apparences et les apparats, ce qui est fiction n’est pas document et ce qui est document n’est pas fiction.

La contrainte, encore, est à l’œuvre dans la série en cours The Gold Sellers, pour laquelle l’artiste est allée à la rencontre de femmes algériennes qui, contraintes de vendre leurs bijoux, en ont fait un business lucratif.

A l’accumulation de henné, de colliers ou de bagues en or, fait écho la multiplicité heureuse des médiums utilisés par l’artiste : installation, photo, toile, vidéos. Tout est bon pour faire état de la complexité de cette quête d’identité qui n’est pas que celle de l’artiste.

Joseph Kouli

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