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Flora Bouteille

Vit et travaille à Paris. Née à Rodez en 1993

florabouteille.com

Bouteille Flora, Lost Ego (image fade  n.1), HYPERPIECE n.2, 2018, Performance, Installation, Vidéo , Dimensions variables, ©Marine Leleu

Bouteille Flora, Lost Ego (image fade  n.1), HYPERPIECE n.2, 2018, Performance, Installation, Vidéo , Dimensions variables, ©Marine Leleu

Bouteille Flora, I’m Never Forever I’m Never For Now, HYPERPIECE n.1, 2018, Performance, Installation, Vidéo, ©Marine Leleu

Bouteille Flora, I’m Never Forever I’m Never For Now, HYPERPIECE n.1, 2018, Performance, Installation, Vidéo, ©Marine Leleu

En disposant au sol un carré tracé au scotch blanc, à l’occasion du Prix de Paris 2018 au sein de la verrière des Beaux Arts de Lyon, Flora Bouteille se projette avec spontanéité dans une aventure à rebondissement. L’artiste met en scène une exposition par l’enchevêtrement de deux espaces, deux salles qui pourraient paraître distinctes en se référant à un même projet pour le spectateur. Dans cette performance, TotalBodyControl n.1, HYPERPIECE n.4, l’artiste « autorise » un groupe de spectateurs a pénétrer dans une zone délimitée. Trois questions leur sont ensuite posées par le biais d’une feuille A4 posée au sol : What do you want from art ? Should you want something from art ? Is it important to buy it ? Dans un second temps, une série de reproductions d’oeuvres de l’artiste est soumise au regard des spectateurs via un écran avant qu’ils ne soient invités a quitter la zone délimitée. Véritable résurgence d’une approche minimaliste de la figure curatoriale, l’exposition-oeuvre Total body control n°1 est également un travail à personnage multiple, impliquant le consentement à « être » une partie de l’oeuvre, telle une figure paradoxale dans son déroulement.

Particularisme contemporain de la zone d’exposition comme de la notion d’oeuvre, cette approche bientôt cinquantenaire inclut nombre de champs artistiques et culturels qui visent à contrarier notre capacité à reconnaître une oeuvre lors de notre insertion dans cette dernière. En effet, on retrouve dans son travail une masse étonnante de réemplois et d’emprunts pervertis. Ces derniers vont nous promener avec délicatesse depuis le minimalisme américain susmentionné jusqu'au body et au scatter art. Il y a dans cette approche plastique une volonté d’échapper et de glisser avec violence sur l’analyse, ce qui est un plaisir à entendre comme à observer : une marguerite qui pousse dans le béton et qui sent le kérosène.

C’est probablement cette démarche retorse à son examen qui amène l’artiste à évoquer, lors de notre entretien, le pacte tacite de l’entrée au musée comme l’espace du white cube. Flora Bouteille en incrimine avec justesse l’absurdité comme l’incroyable puissance sensible de ces lieux.To find and keep spaces to hide; in connivance, between humans. To face the injunction of the all-visible: be able to disappear, c’est ce qu’elle annonce dans son Manifesto Liquidiste. À la suite de cette conversation, nous discutons des corps qui intègrent les expositions, de leurs manière d’être et de vivre charnellement dans l’espace mais aussi des possibilités pour l'artiste de les montrer et de les faire voir par prothèse, et de laisser ainsi un autre chapitre de son oeuvre à découvrir.

Léo Guy-Denarcy

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