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Amandine Guruceaga

Vit et travaille Marseille. Née à Toulouse en 1989

amandine-guruceaga.com

Guruceaga Amandine, Su lengua afilada, 2017, peaux d'agneau entrefino transparantes, acier, 190 x 120 x 140cm, ©Alexandre Guirkinger

Guruceaga Amandine, Derma soft Eclipse, 2017, peaux d'agneau entrefino transparantes, acier, résine, néons en rétro-éclairage, 120 x 135 x 20cm, ©Amandine Guruceaga

Guruceaga Amandine, la Mordedura, 2017, Cuivre-cuir, 180 x 100 x 10cm, ©Amandine Guruceaga

Guruceaga Amandine, Acid Mix Pergamine, 2018, peaux d'agneau entrefino, résine, acier, 190 x 380 x 20, ©Rebecca Fanuele

Il y a chez Amandine Guruceaga une pratique quasi paradoxale, tenant à des conditions de clôture[1] et d’ouverture de la matière, si contrainte à la transformation qu’elle n’est identifiable que par transparence - analogie - ou opacité - imaginaire. Ce pouvoir pourrait tenir au miroitement trompeur du baroque, à ses plis et replis, au déploiement des formes faites pour un regard captif de ses mystères. L’éclat, traversant des peaux de bête aux couleurs de chlorophylle acide (Myth tartar, 2017) ou des tissus résinés à l’appellation fongique (Lichen, 2016), naît de montages et mythologies, du pouvoir d’étonnement philosophique que les œuvres suscitent, à la manière du mythe tartare : agneau légendaire, né d’une plante.

Cette union de règnes exogènes, étrangère aux catégories - l’animal, le végétal, le minéral - mêle, comme dans un tiraillement, une variabilité des matières organiques et une immuabilité des matières inertes. Le rose normé du jambon de porc, révélé par une délicate cuisson sur des formes de céramiques, rencontre dans Age of bacon des découpes patronnées, sur un portant tenant du présentoir de boucher comme du dressing. Par coprésence des êtres et des choses, se révèle une « totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire »[2], nourrie de la pensée d’Édouard Glissant. Ces manières de saisir une réalité qui « nous échappe comme compréhension et comme concept »[3] formulent un nouveau récit du devenir du vivant, par le travail de métaux, du feu, de peaux et de cuirs dont l’artiste fait l’aveu de la vie, constat de la dégénérescence en cours, et négation de la finitude.

Audrey Teichmann


[1] G. Deleuze, Le pli, Éditions de Minuit, Paris, 1995

[2] É. Glissant, Traité du Tout-monde, Gallimard, Paris, 1997

[3] É. Glissant, « La relation, imprédictible, et sans morale », Rue Descartes, n° 37, 2002, pp. 76-95

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