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Rosanna Lefeuvre

Vit et travaille à Pantin. Née à Clamart en 1993

rosannalefeuvre.com

Lefeuvre Rosanna, La chaussure blanche, 2017, tirage jet d'encre, 80 x 60cm

Lefeuvre Rosanna, Jane , 2017, tirage jet d'encre, 40 x 30cm

Lefeuvre Rosanna, Le soutien-gorge chair, 2018, tissage jacquard, 140 x 105cm

Lefeuvre Rosanna, Jane, vue d'exposition, 2018, tissage jacquard / tirages jet d'encre, Dimensions variables

La pratique de Rosanna Lefeuvre mêle avec minutie matières et manières. Elle procède par impression de photographies numériques sur du textile, qu’elle tisse au préalable de fils - coton ou polyester - permettant ou non à l’image de s’y fixer. Ces voiles marqués d’images invitent au rapprochement du spectateur, que le désir d’en saisir la nature ou la révélation de la représentation éloigne ensuite. Saisir est ainsi, paradoxalement, question de distance, loin de ces mains enchevêtrées par une « réserve » qui est aussi celle de la peinture. En appelant au rôle traditionnel de la toile, comme support et surface, elle permet la présence, quasi fantomatique, de corps, détails de corps, visages.

Dans nombre de ses œuvres, deux tissus superposés - support matériel de l’œuvre et vêtement - entrent en complicité de dissimulation et de dévoilement de sujets qui empruntent la sensualité décrite par Barthes dans l’écart entre « le gant et la manche » : « L’endroit le plus érotique d’un corps n’est-il pas là où le vêtement bâille? »[1]. Le Rideau entrouvert (2017) revêt, dans cette poésie domestique, la charge d’un col ouvert, au même titre que la peinture classique dévoile, en les recouvrant, les reliefs de corps dont elle feint la pudeur. Ainsi enflées de corps morcelés, la Robe de satin bleu (2018) et la Robe de satin jaune (2018) mêlent à l’enjeu pictural du monochrome la référence au plissé dans l’art classique, à partir de photographies tendant, pour certaines, à une imagerie d’adolescences en dessous clairs et palettes de maquillage (Jane, 2018), traversées de l’étrangeté et de l’irrésistible poussée d’habits en soulèvement (La chaussure blanche dans le pantalon, 2017).

Audrey Teichmann


[1] R. Barthes, Le plaisir du texte, Seuil, Paris, 1973, p. 19

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