Zohreh Zavareh

C’est l’histoire d’un chien horizontal montée sur roulette qui, suite à un burn out, a décidé de ne plus se lever et continuer sa carrière d’interprète couché. « Mais comme c’est un très bon comédien, les metteurs en scène ont décidé de l’accepter malgré tout dans la pièce » précise sans rire l’artiste, Zohreh Zavareh , à qui l’on doit cet incipit mordant. D’origine iranienne, passée par les beaux-arts de Clermont-Ferrand avant d’intégrer les Ateliers du grand large à Décines où elle continue de faire parler une meute d’objets, cette artiste érudite, pleine d’une fantaisie déroutante, est passée maître dans l’art de la ventriloquie. Lorsque nous lui rendons visite, elle ne dit d’abord rien des dizaines de mirettes (de poupées) qui, incrustées dans le mur, nous font de l’œil depuis le début de l’entretien. Et c’est en passant qu’elle fait mention du petit fantôme qui murmure à nos pieds ou de cette intrigante série de masques en savon plus ou moins identiques qu'elle aligne au sol.

Férue de littérature, de théâtre et de poésie, Zohreh Zavareh s’est adjointe la compagnie d’une série d’objets discrets qu’elle nomme « personnages ». Pour le Salon de Montrouge, hormis le chien horizontal, un Roi (qui consiste en une chaise de cire sculptée sur laquelle est disposée la photo dudit souverain) et une poule sans tête sont les protagonistes de ce drame qui se joue à huis clos sur l’autel d’une vision animiste et enchantée du monde.

Claire Moulène