• Imprimer

Frederik Exner

Diptykon I | 2022 | David Stjernholm

Bird Bath no. 4 | 2019 |

Ladle | 2021 |

Diptykon II | 2022 | Diptykon II

Un-head | 2022 | Mikkel Kaldal

Né en 1991 à Aarhus, Danemark.
Vit et travaille à Paris.

Diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

D’ici 2120, Onkalo, un site de stockage de déchets nucléaires dans le Sud de la Finlande, devrait non pas ouvrir, mais être définitivement scellé. L’objectif unique de ces carrières souterraines qui s’étendent sur plusieurs kilomètres sous terre est d’enfouir, tel le plus funeste des trésors, plusieurs tonnes de matière radioactive pendant cent millions d’années. Comment mener à bien une mission d’une telle durée, lorsque que nous savons qu’aucune construction humaine ne résiste au-delà dedix millions d’années ? Et quelles images, quels signes, pourrions-nous convoquer afin de prévenir les civilisations futures – dont nous ne pouvons que rêver la forme – du grand danger que dissimule un tel lieu, à n’ouvrir ou à ne pénétrer en aucun cas ?

À travers les images narratives et totémiques qu’il réalise, Frederik Exner questionne lui aussi la sémiotique et le devenir des images. Les êtres-grenouille, êtres-salamandre et autres créatures hybrides qui peuplent ses sculptures en bois, en terre cuite, en résine ou en béton, semblent se livrer à des rites tour à tour initiatiques, funéraires, d’expiation ou de libation. Le bestiaire étrangement humain de l’artiste danois emprunte à la fois aux hiéroglyphes égyptiens, aux idéogrammes méso-américains et aux fictions d’anticipation. Il ne cesse de nous rappeler le langage visuel des civilisations antiques, mêlant récits étiologiques et mythes aux événements politiques ou religieux fondateurs de ces sociétés. Ainsi, faire l’herméneutique de ce mystérieux peuple amphibien, dont on ne saurait dire s’il vient d’un passé lointain, du futur ou d’un récit de science-fiction, n’est pas tout à fait hors de notre portée. Ces images étrangères à notre monde, par ricochet, « parlent » de nous.

Avec leurs yeux et bouches expressives, leurs pattes aux doigts bien séparés, leurs membres allongés et l’absence de queue, ces grenouilles partagent curieusement bon nombre de similitudes avec l’être humain. Pourtant, à la différence du nôtre (du moins en apparence), leur petit corps poreux et visqueux semble directement connecté à son milieu naturel. Dépourvus de poumons, certains amphibiens respirent par la peau. Tous pondent leurs œufs transparents directement dans les mares ou la tourbe, et transforment ainsi des surfaces planes et aqueuses en marécages miasmatiques, ponctuées d’amas globuleux où grouille la vie.

Répartis sur l’ensemble de la planète, à l’exception des pôles, les amphibiens envahissent l’imaginaire et les croyances de tous les peuples. Ils incarnent la fertilité, la métamorphose et maîtrisent les intempéries. Jadis, on disait des salamandres qu’elles naissaient du feu, en s’échappant, encore à moitié endormies, des flammes qui consumaient le bois humide jeté dans les cheminées.

Alors que la crise climatique et sociétale gronde de plus en plus fort, les amphibiens anthropomorphes de Frederik Exner qui prient, se scarifient, se sacrifient ou se libèrent, évoquent parfois les ruines d’un monde futur – la représentation pleine d’espoir d’un seuil critique entre deux ères, qui a été franchi. S’adaptant avec acharnement à de nouveaux milieux, ces grenouilles semblent nous rappeler qu’inexorablement, comme nous l’a appris Jurassic Park (1993), life finds a way.

« parlent » de nous.

Avec leurs yeux et bouches expressives, leurs pattes aux doigts bien séparés, leurs membres allongés et l’absence de queue, ces grenouilles partagent curieusement bon nombre de similitudes avec l’être humain. Pourtant, à la différence du nôtre (du moins en apparence), leur petit corps poreux et visqueux semble directement connecté à son milieu naturel. Dépourvus de poumons, certains amphibiens respirent par la peau. Tous pondent leurs œufs transparents directement dans les mares ou la tourbe, et transforment ainsi des surfaces planes et aqueuses en marécages miasmatiques, ponctuées d’amas globuleux où grouille la vie.

Répartis sur l’ensemble de la planète, à l’exception des pôles, les amphibiens envahissent l’imaginaire et les croyances de tous les peuples. Ils incarnent la fertilité, la métamorphose et maîtrisent les intempéries. Jadis, on disait des salamandres qu’elles naissaient du feu, en s’échappant, encore à moitié endormies, des flammes qui consumaient le bois humide jeté dans les cheminées.

Alors que la crise climatique et sociétale gronde de plus en plus fort, les amphibiens anthropomorphes de Frederik Exner qui prient, se scarifient, se sacrifient ou se libèrent, évoquent parfois les ruines d’un monde futur – la représentation pleine d’espoir d’un seuil critique entre deux ères, qui a été franchi. S’adaptant avec acharnement à de nouveaux milieux, ces grenouilles semblent nous rappeler qu’inexorablement, comme nous l’a appris Jurassic Park (1993), life finds a way[1].

Ana Mendoza Aldana

HAUT DE PAGE