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Collectif B93

© Silina Syan
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Pendant plus de trois ans, le collectif B93 a pris possession d’un hangar abandonné de 2500m2 entre La Courneuve et Drancy. S’y déploient dans un premier temps les soirées « Good Dirty Sound » dédiées aux scènes émergentes rap et trap, rassemblant un public à la fois local et francilien avant que la programmation du lieu ne s’ouvre à d’autres collectifs et scènes underground.

Porté par l’envie de se construire un espace de liberté dans une zone urbaine délaissée, le collectif s’est peu à peu ouvert à d’autres domaines de création, visant à transformer sur le long terme le hangar en tiers-lieu, à la jonction entre cultures urbaines et art contemporain. Une première étape s’est concrétisée avec l’invitation faite aux artistes Silina Syan et Rayan Mcirdi pour collecter l’histoire du lieu et mettre en récit ses archives. Financée par le programme Mondes nouveaux du ministère de la Culture, cette phase de préfiguration pose les fondements du collectif en présentant ses activités et ses valeurs à un public plus large, malgré sa situation administrative encore précaire. Ces archives artistiques ont été présentées pour la première fois en janvier 2023 sous le nom de B93 PREQUEL, au Sample Bagnolet.

Fin juin 2023, l'expulsion du collectif et la fermeture du hangar coupe court à tout projet de transformation en tiers-lieu et met un stop définitif aux espoirs d’obtenir une convention d’occupation officielle. Cet événement isolé s’inscrit dans une actualité dramatique et un climat social délétère, suite à l’assassinat du jeune Nahel à Nanterre quelques jours plus tôt. Les révoltes, dénonçant les agissements des forces de l’ordre, rappellent qu’il est urgent de proposer de nouvelles politiques urbaines dans la périphérie parisienne, et soulignent l’abandon et la répression auxquelles la jeunesse issue de ces territoires fait face quotidiennement. Pour le collectif B93, cet événement entérine le peu de considération porté à l’impact et au rayonnement d’un projet culturel local et autogéré, par et pour la population vivant en banlieue parisienne, au cœur du territoire clé de la Seine-Saint-Denis.

Bien que brutalement interrompu dans son développement, B93 saisit l’invitation du Salon de Montrouge pour se réinventer et s’autodéterminer comme collectif artistique mouvant et sans murs. Il décide alors de reprendre l’histoire là où elle s’est arrêtée, par le biais d’une collaboration artistique avec Mawena Yehouessi, curatrice, chercheuse et artiste. Celle-ci devient alors à son tour porte-voix de B93, retraçant les multiples trajectoires du lieu, ses transformations, ses identités réelles ou fictives, à travers les projections des membres du collectif et de ses publics. En complément d’une exposition des archives du lieu, c’est une mise en récit de son passé, de son présent et de ses futurs potentiels qui est orchestrée par Mawena Yehouessi, dont les travaux résonnent à de multiples endroits avec les enjeux de B93. Les visiteur·ices sont convié·es à se projeter au cœur des relations interpersonnelles qui constituent l’essence d’une pratique collective, à saisir les horizons d’attente et d’espoir liés à la précarité de la situation de B93, ainsi que les potentiels d’affects et de désillusions qui y sont liés.

Laure Togola et Inès Geoffroy pour le collectif B93

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