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Andrei Pavlov

Né en 1985 à Vladivostok (Russie)
Vit et travaille à Paris

Formation : ENSBA, Paris (2008 - 2013)
Supports utilisés : Photographie, Dessin, Sculpture, Son, Pratiques numériques et éditions

andreipavlov.com

African Postmodernismus. Extrait, 2016 Livre d'artiste. 120 photocopies, Dimensions variables

Réhabilitation de Aire de jeu "Jardin des vents" au Parc de la Villette, 2017 Photographie du fragment du dessin du sol souple. Surface : 2400 m2. En collaboration avec Agence Champ Libre. Copyright: Andrey Pavlov/ Bruno Garnerone

Monnaies, 2017 Photographie, Dimensions variables

Temple des lions ailés, 2017 Photographie, Dimensions variables

De ses études d’archéologie qu’il a entreprises en Russie avant d’intégrer l’École des Beaux-Arts de Paris, on retrouve dans le travail d’Andrei Pavlov ce goût pour le dessin et la photographie comme traces d’archivage. Des résidus, une mémoire plus ou moins vive d’une histoire politique, religieuse, sociale ou bien encore architecturale. Car Andrei Pavlov a également mené des études d’architecture en France.

Ainsi il collectionne les billets de banque de pays d’Afrique émis au lendemain de leur indépendance et remarquables en ce qu’ils représentent des édifices d’architecture moderniste (African Postmodernismus, 2016). Ces billets, reproduits seuls sur des pages blanches pour leur donner une valeur autonome de gravure, de dessin miniature, sont également des témoins du paradoxe qui structure une partie de l’Afrique aux yeux de Pavlov. Les aspirations futuristes de ces pays s’expriment et se déploient avec la mise en avant de valeurs passées, voire passéistes, telles que ces petites représentations naturalistes. Il y a donc double enjeu de l’objet : les extraire de leur contexte comme des gravures de poche et dialoguer avec leur sens politique et historique. Cette duplicité de l’interprétation, Andrei Pavlov en joue dans ses oeuvres sans jamais choisir. C’est l’alternative qui lui plait, non le fait de décider d’un chemin. Ainsi il photographie, en noir et blanc, la plus grande cité jardin du monde à Tel Aviv, où l’architecture historique des années 1930 se mêle ouvertement à la végétation ( Hebrew Garden, 2013-2017).

Ces photographies formelles évoquent certes le Jardin d’Éden biblique, mais comment ne pas y voir également l’engagement politique de l’architecture sioniste ? En réinterprétant le langage de la photographie du Bauhaus, symbole de modernité pour les colons qui s’installaient en terre promise, l’artiste se joue là encore de cette dualité. À d’autres moment, le langage plastique se déploie également dans un dialogue avec l’histoire de l’art, tel ce Banc d’exposition (2014), clin d’oeil à Donald Judd, sur lequel sont incrustés des éléments de marqueterie comme les traces d’un vernissage passé, un verre posé et ayant lassé une marque, des pièces de monnaie égarées… Ce sont ces questionnements qui intéressent Andrei Pavlov : celui de l’appropriation culturelle, de l’engagement de l’artiste, de la référence artistique formelle, du rapport au pouvoir et à l’argent, qu’il décline avec subtilité sans jamais trancher.

Par Anne-Sarah Bénichou

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