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Aëla Maï Cabel

Né.e en 1995, vit et travaille entre Paris et Eymoutiers.

Découvrez l'artiste : https://www.instagram.com/aela.mai.cabel/?hl=fr

Il est des gestes que l’on oublie s’ils ne sont pas répétés et transmis, écrits et racontés. Les techniques et savoirs s’effacent au même rythme que les mémoires se meurent. Les savoir-faire passés se teintent d’un certain romantisme, d’une nostalgie doucereuse qui berce une population enfermée dans une société ultra mécanisée. Le temps n’est plus à l’écoute et au partage, il est celui du capitalisme et de la rapidité. Ce modèle-là s’assèche, perd de sa supposée superbe et se brise progressivement, laissant entrevoir de profondes failles. A bien y regarder, on peut apercevoir des contre courants, des vents contraires, des directions inverses : des alternatives. Réapprendre le temps long, celui des saisons, celui de l’écoute et de la rencontre. C’est aussi le temps du partage et de l’entre-aide, celui de la mise en commun et non de la compétition, de l’apprentissage et non de l’efficacité ou de la rentabilité.

Il s’agit de « mutualiser les compétences et les incompétences » (Alexis Zimmer).

Il est aussi question de (re)construire des langages qui soient adaptés et qui permettent d’aller au- delà de ce que les mots peuvent exprimer. Déconstruire ce langage qui cloisonne la pensée, se le réapproprier et l’agrémenter de nouveaux systèmes.

Le langage non verbal semble être un terrain d’expression et de jeux plus vaste, plus malléable et adaptable. Pour certains thèmes, les mots ne suffisent pas, il faut transmettre des émotions, des sensations, des gestes ou des mémoires. Si certaines choses ne peuvent pas être dites verbalement, elles peuvent néanmoins être communiquées, transmises.

Cette urgence de réapprendre à communiquer témoigne du cruel manque de lien qui caractérise le monde que nous construisons.

Le travail d’Aëla se teinte de tous ces thèmes. Oscillant entre une grande fragilité et une sagesse d’aplomb, les univers créés témoignent d’une quête dans laquelle tout fait sens et s’unit pour servir son propos.

Il s’agit d’ensembles, de visions globales, d’espaces qui grouillent et fourmillent d’objets quotidiens et utilitaires, illustrant la richesse du monde dans lequel Aëla évolue. Les matériaux, techniques et objets présentés portent un discours, celui d’un nécessaire ré ancrage sur un territoire, celui de la connaissance de soi, celui d’une temporalité différente.

Et puisque le temps ne s’arrête pas, les univers d’Aëla évoluent au fil des occurrences de monstration. Plutôt qu’une exposition figée, il faut voir cette représentation comme un acte, conditionné et adapté par l’espace dans lequel il a lieu.

L’expérience se veut être totale, presque immersive : ne pas forcément s’attarder sur les détails, mais considérer plutôt le ressenti global. Cet espace proposé par Aëla est accueillant, déjà familier avant même de l’avoir expérimenté : un sentiment de sécurité et de bienveillance s’en dégage.

Si les thématiques abordées sont très contemporaines, elles font appel à d’anciennes notions et techniques pour être exprimées, questionnant notre rapport à la Terre et à ces profondes modifications, à l’impact que nous avons sur elle et à ce que nous pouvons tirer comme enseignements. Et si l’on écoute bien ce que dit Aëla, certains secrets bien gardés pourront être partagés.

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