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Hanna Kokolo

Née en 1997, vit et travaille Sainte-Même-les-Carrières.

Découvrez l'artiste : https://www.instagram.com/hannakokolo/?hl=fr

Grès Beige, Faïence Blanche et Brune, 40cm sur 13cm, 2019

Autoportraits moulés, Grés Beige, Émaillages Multiples, Dimensions Variables, 2018

Grès beige, couverte transparente, Kaolin en Poudre, 76cm sur 25cm, 2021

Brochure A5, impressions numériques, 20 pages, 2020

Grès beige, Jus d'Oxydes, Dimensions Variables, 2019

Fictions d’elles-mêmes : voix, généalogies, narrations et émancipations.

Passé, présent et avenir se côtoient dans l’œuvre d’Hanna Kokolo qui bouscule de nombreux codes ethnographiques, de la chronologie et de la scénographie. Si on veut se libérer du passé, la réinvention d’une temporalité autre est nécessaire. À travers la performance, la céramique ou encore avec l’écriture, Hanna Kokolo renforce l’Histoire par des récits souvent personnels, en lien avec sa double culture française et congolaise. C’est en laissant libre cours à l’inconscient collectif et à l’imagination dans une société ordonnée que l’artiste s’approprie à la fois les mythes et les conventions littéraires, du roman aux discours politiques. Avec son installation Le rouge et le noir de Brazza, elle lit entre les lignes de l’Histoire et établit ainsi une autre relation aux faits historiques où toutes les frontières celles des genres et des origines s’estompent.

Prenant en compte l’histoire du continent africain, l’anthropologie, la culture, le spirituel, les relations humaines, Hannah Kokolo instaure des relations égalitaires et libres entre des notions figées sur l’identité culturelle afin de fonder une communauté imaginaire comme celle qu’elle invente et qu’elle nomme L’ordre des 7 déesses chauves. En utilisant l’inconscient collectif pour identifier des possibilités, voire des vérités ensevelies, elle propose un voyage dans le temps pour retrouver ces éléments perdus et puiser profondément dans l’imaginaire ainsi que dans les utopies féministes. C’est en soulevant des potentialités jamais admises par la domination liée au patriarcat, que l’on met en œuvre les prémisses d’une vie plus égalitaire. Qu’elles soient méticuleuses ou chaotiques, toutes ces histoires se fondent sur une synergie entre l’individu et la collectivité, en constatant que l’ordre social doit se réinventer en permanence afin de débroussailler le chemin en faveur des sentiers battus et défier les hiérarchies ou encore les stéréotypes.

Porteuse de fables avec son texte Black Lady’s sugar, Hanna Kokolo construit et nourrit avec humour et fantaisie le récit d’une secte afro-féministe à l’écart des normes ou des codes établis. Cette œuvre tant littéraire que sculpturale s’affirme comme un espace dérobé de luttes propres et dégagées de l’imposition d’une norme du féminin, entre savoirs intimes et pouvoirs raciaux. Ce goût de l’ironie et de l’impertinence s’exprime de la marge au centre. Dans sa performance, Quel métier pour une âme noire, c’est par la voix qu’Hanna Kokolo repense les généalogies et les narrations qui émancipent afin de sortir des silences, d’exorciser les douleurs et de ranimer les mémoires. Face à ces réalités sociales, il s’agit petit à petit de favoriser et de stimuler la décolonisation des corps et des esprits.

Un texte de Marianne Derrien dans le cadre du programme PREMIÈRE 2021.

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