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Cathy Bernheim

Écrivain et journaliste, traductrice des autobiographies d’Angela Davis et Emma Goldman (avec Annette Lévy Willard), auteure de biographies (Mary Shelley, Valentine Hugo, Picabia, Hippolyte Bernheim), de romans et d’essais. Le 26 août 1970 à l’Arc de Triomphe, à Paris, elle a déposé avec une dizaine de femmes une gerbe « À la femme inconnue du soldat », acte fondateur du mouvement de libération des femmes (MLF). Elle est l’auteure de nombreux textes, photos et dessins parus dans les ouvrages collectifs féministes des années 70. Elle a raconté cette « naissance d’un mouvement de femmes » dans « Perturbation, ma sœur » (Le Félin éd.), qui réédité en poche en 2010, en même temps que son essai autobiographique : « L’amour presque parfait ». Sous le nom de Catherine Crachat, elle a participé à la création de la rubrique du Sexisme ordinaire parue dans les Temps Modernes de 1973 à 1983.

Co-fondatrice de l’association « 40 de mouvement », du blog Re-Belles, des groupes Yes We Scan et Est-ce ta fête ?, elle a contribué activement aux actions de l’année 2010 pour raviver la mémoire et les prolongements de la lutte des femmes. Elle est à l'origine, avec d'autres, de la fête de la "Liberté, égalité sororité" du 6 juin 2010 à la Flèche d'Or, et de la manifestation au Trocadéro le 26 août 2010 pour réclamer que le place des droits de l'homme soit rebaptisée place des droits des femmes et des hommes.

Élève de l'atelier de Jean Rouch à l'École pratique des Hautes Études en 68-69, elle a participé aux premiers tournages vidéo issus du mouvement des femmes en compagnie de Carole Roussopoulos. Elle est co-auteur du film « Une grève de femmes à Troyes » (1972) et à la création du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Elle a par ailleurs été critique de cinéma pour les Temps Modernes, le quotidien Libération sous le pseudonyme de Spitty Cat, et l'hebdomadaire Femme Actuelle dès son premier numéro. Dernier ouvrage paru : « Mémoires des Temps Futurs » (Éd. Le Chant des Voyelles, octobre 2019).

Le 26 août 1970 une dizaine de femmes, dont moi, se sont retrouvées à l’Arc de Triomphe, à Paris, pour témoigner de leur solidarité avec les féministes américaines. Celles-ci célébraient en nombre le droit de vote accordé aux femmes cinquante ans plus tôt dans leur pays.

Mes amies et moi, nous étions déterminées à déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du soldat inconnu rappelant qu’Il y a plus inconnu que le soldat inconnu -sa femme et que dans le monde entier, Un homme sur deux est une femme .

Si les journalistes à qui nous avions annoncé qu’il se passerait quelque chose d’inattendu ont réussi à prendre quelques photos de l’événement, la plupart n’en a pas eu le temps, la maréchaussée nous ayant embarquées manu militari au poste de police dissimulé dans un des piliers du monument. Cela n’empêcha pas le mouvement de libération des femmes, rebaptisé MLF, de prendre de l’ampleur. Et il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour comprendre que si nous voulions obtenir des images témoignant de nos actions, nous allions devoir les produire par nous-mêmes. Nous : femmes en mouvement qui remettions en cause ce que l’on appelait alors « la condition féminine »

Ce qui fut fait par tous les moyens : illustrations de presse, vidéos, photographies, etc. Et de toutes parts, dans des groupes grands et petits.

Le nôtre s’appela « Le mauvais œil ». Il entendait donner à voir d’autres images de femmes que celles offertes via la presse (féminine), la publicité et les médias en général. À l’exception de celles d’entre nous, rares, qui en faisaient déjà leur métier, nous n’avions ni moyens ni compétences professionnelles en la matière. L’agence que nous avions fantasmée sombra dans l’amateurisme et les querelles idéologiques de ces années-là.

Pourtant certaines s’accrochèrent à leur appareil photo pour arracher à notre époque les traces de la présence réelle des femmes en son sein.

C.B. juillet 2022.

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